mercredi 9 mai 2012

Je ne sais pas 9


9

L’eau coule dans les rigoles, les veines dans le cœur des villes, les avaloirs comme des valves, tout s’oublie, tout s’enfouit dans les artères des sous-sols, sous nos pieds coulent une rivière de décantations, l’infusion quotidienne des êtres en marche, et, au milieu de tout ça le bonheur de certains mais pas tous. La fonte, la décrispation, dans l’urgence des sirènes, un banc public vide, plus le temps, le mobilier urbain a ses heures de pointe. Les rues s’engorgent aux heures où les bureaux dégorgent la marée humaine, nature morte, écrasée sous la pression des horloges. Le bonheur et toute son approximation, les éphémérides et les horoscopes au hasard de ce qui convient, le papier journal chiffonné d’une mauvaise nouvelle, les retards au milieu des urgences, ne plus voir et répondre à l’injonction que l’on avance, perdre le nord, des hommes sont abandonnés au pied des tours pendant que la pointeuse additionne les retards. Le temps nous attend pour le dernier râle, une vie enrhumée éructant quelques moments de bonheur. Le bonheur, une plaine vaste sans correspondance, une surface plane remplie de jeux d’enfants, le semblant, les strasses, des reflets miroitant, je ne sais pas, plus, jamais. Une voix fausse et obsédante. Les hommes et les femmes pour qui tout change, des rapports influés par l’inconnue, un recul, une avancée, dans la complexité du langage et sa simplicité, des distances, la tectonique des êtres, les grincements, les caprices sans cesse différents, poussés par le vent, des congères figées sur le bord des digues de débordements. Il faut contenir et se contenir. La complicité d’un chien et son maître.

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