dimanche 6 mai 2012

Je ne sais pas 6


6

La fixité d’un instant pendant que la flèche parcourt la distance qui la sépare de la cible. Le cerf qui s’effondre dans la forêt assourdie du son de la détonation encore présent, majestueux effondrement, tristesse inqualifiable, une mort. Un corps ankylosé mu par la tachycardie d’un cœur enrobé, l’excès dans le plaisir, la chandelle par les deux bouts. Les éraflures d’un point frotté sur un mur de briques, la douleur directe, un tesson de bouteille. Le visage tordu de la mémoire vive, de la chaux sur une plaie, une larme sans abstraction. Emprunt des images, le gonflement d’une baudruche flottant sur une mer de glace, la fonte, la liquéfaction, putréfier des paroles utiles tuent dans le vacarme des inutiles, l’urgence de dire sans retenir, l’expression de la limite, la blessure sans asséner le coup fatal, la nuque. La cruauté des aveugles sensorielles, la violence des images qui se brisent sur les tubes cathodiques, un éboulis dans des pièces trop petites, le son de la guerre maculant les tables de chevet. Je vous aime à vous embrasser à pleine bouche dans la vulgarité des fleurs artificielles odorantes, le corps grossi de ne pas répondre à sa fonction d’emboutir, loin de l’extase jouissive mais dans le fantasme virtuel. Je veux peindre pour vivre, à devenir fou et seul dans une pièce vive, je défie l’abcès des mâchoires acerbes, des caries qui donnent l’haleine. Nous mangerons nos corps odorants de paresse pour les recracher ne supportant pas le goût des dégoûts, tout ceci n’est qu’esthétique, si beau dans la laideur du résultat, le chaos des êtres se déchirant et déversant les viscères. La chasse fumante de la panse ouverte de l’animal offerte comme un trophée à la nature qui se délecte de ses restes, les charognards, ceux qui attendent la chute du seigneur pour se délecter, nous. Tout pourrait s’arrêter, laisser la place à autre chose, la poésie n’a pas de sens dans le temps et son écoulement, comme une bouteille avalée à grandes gorgées, l’enivrement rapide, oublier dans le déséquilibre des chutes quotidiennes, inévitables comme les pluies diluviennes des enfants devenus trop vite trop grands. L’impossibilité de grandir en dehors des chocs, ils sont nécessaires dans la violence de la réalité de chacun, l’ecchymose d’un corps suspendu à un fil et balancer par le vent. Ce n’est pas la violence qui endolorit mais sa fréquence, et, la culpabilisation inhérente au pouvoir recherché par l’auteur.

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