vendredi 4 mai 2012

Je ne sais pas 4


4

L’épure d’un trait, une ligne vide d’hésitations, la franchise de l’incision. La vulgarité de mon ignorance, l’évaluation grossière, l’inconnue pas prise en compte pour venir m’asseoir et vous dire, vide de votre sens, inconscient du combat nécessaire à certains pour émerger, confortablement installé dans un salon chauffé à vous écrire quelques petites choses, que je voudrais jolies en plus. La culpabilité, le sentiment terrible de ne pas mériter mais de prendre la parole sans vous considérer, une effusion inutile. Rien, l’effacement de moi par l’incongruité de tous ces discours. Se taire dans le cri du monde, se taire face à l’abnégation de chacun, de l’autre inconnu de moi, se retirer afin de ne pas se méprendre. Je ne sais rien de toi et je prends le droit de m’exprimer, de m’insérer et de poser le doute où tu as construit ta sécurité que je devrais respecter pour le bien être de chacun. Nous décidons ce que nous voulons ou ne voulons pas voir et n’avons pas à émettre des jugements de valeur. Je n’ai pas voulu entrer aujourd’hui, ne pas vous saluer, je marche la tête basse dans la volonté de me taire, fatigué des palabres, des mots que nous salissons et traînons sur les tables de café, je veux tenter de ne plus graver en vous, une abstraction du discours au profit du silence et des images qu’il génère, hors jugement. Le pied doré d’une lampe à l’abat-jour champagne, la chaleur au milieu de cet instant de l’aveu libérateur de ne rien vouloir vous dire, de rester là, contemplatif de nos errements et voyageurs de vos déplacements, je voudrais recopier les mots que vous me dictez, être copiste et me taire, atteler à ma tâche, ne plus réfléchir à l’enjeu de notre présence. Rencontrer une personne dont je serais le scribe et me nourrir de ses paroles sans chercher plus loin, l’admiration à son paroxysme, l’aveuglement, mais je suis là pour voir et je tente de m’émerveiller de choses simples, mais toujours nous coupons la ligne par un élément humain. Me taire le temps nécessaire à dire la beauté et ne plus répandre la bile de toute cette incapacité à vous avouer, est-il possible de se dévoiler à ce point.

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