dimanche 27 janvier 2013

Le torrent

Je viens là, souvent quand même, je parle sans savoir à qui je dis, c'est drôle, inutile peut-être, combien sommes-nous exactement, entendre le silence, ne pas remplir, pour aujourd'hui ne plus déverser toutes ces paroles inutiles, toute cette affirmation de moi-même, rejeter toute forme de destin pour enfin ne plus croire en cela que j'imagine mais laisser apparaître la réalité, il y a des chocs, je suis né d'un carambolage. Dans la difficulté de ne rien savoir face aux réponses qui ne me conviennent pas, ne rien savoir, le mot évidence rayé de mon vocabulaire, pourquoi, un enfant obstiné posant des questions sans cesse, questions auxquelles les adultes ne peuvent répondre car depuis longtemps déjà ils ne se posent plus de questions. Dans la simplicité du jour qui se lève, la distance s'installe, rien de grave même si la blessure existe, la blessure source de souffrances impossibles à partager, un ruisseau devenu torrent.

lundi 21 janvier 2013

Je laisse à la jeunesse la fougue des corps et je ramasse comme une richesse la ferveur des sentiments, je n'ai pas vieilli tant que ça, je brûle toujours.

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lundi 14 janvier 2013

Poussés. Je ne sais pas ce qui pousse. Assis sur une chaise inconfortable. Les yeux plongés dans le vide du plus profond pour tenter de trouver dans la contemplation ce qui nous rassemble, ou, pourrait nous rassembler. Frappés par la distance. Les belles choses. Les choses. Prétentieux peut-être. Vain. Rien n’enivre. A la vue des larmes des autres. Dans la confusion aiguë d'un homme que je connais sans plus connaître, frappé par la distance. La mort vient parfois le jour. Un petit matin brumeux. La fenêtre donne sur ce cours d'eau, vert de la vase du fond, fixée sur les cailloux du lit. Une couverture à carreaux, le chien dort, insouciant du temps qui passe. Le besoin de crier, rien ne sort, pas un son. Il n'y a pas si longtemps les vélos dégringolaient les pentes, libérés des patins de caoutchouc, le sourire, la légèreté. Maintenant, pas avant, pas après. Persuadé de passer toujours à côté d'un destin, n'être que cela que l'on autorise, une forme. Ne te contente pas de ce que les autres disent de toi, va plus loin même si tu es seul là-bas.

dimanche 13 janvier 2013

Menteur

Rêver être autre, sortir de cette peau tendue par le poids d'un corps crispé depuis presque les premiers pas, en tout cas aussi loin que je me souvienne, contraint, dépassé par les émotions. Tu viens, je poserai souvent la question avec chaque fois que le refus de me suivre résonne, l'impression d'un manque de confiance de la part de celui que j'emmène dans une proposition pleine et entière dans la volonté de partager le présent qui nous appartient, une humiliation, une humiliation, voilà comment je vivais le refus. Je n'étais pas assez bien pour que tu m'emboîtes le pas, pas assez digne de ta confiance, et je partais à ce moment, seul, vers une porte, une incompréhension, moi qui aime tant, entièrement, absolument, pourquoi tu refusais, j'étais un enfant avec ce sentiment d'être le moins de tous, c'est comme ça que j'ai grandi, dans le complexe des refus, comme si, sans en savoir plus, dans le doute, alors quand je demande maintenant tu viens, je n'attends plus de réponses. Je voudrais partir, mais il me manque le courage, celui de pouvoir tourner le dos, celui de ne m'attacher à rien ni personne, alors je reste, dans le sentiment étrange d'un échec, d'une violence que je m'inflige par peur de la souffrance. Je rêve de liberté, de vide, de rien, de dépossession, mais je n'ai pas le courage, alors comme bien d'autres je pleure, je m'apitoie et je crie que rien ne me fait peur, menteur.

jeudi 10 janvier 2013

Ligne

Des jours de pluie où la lumière ne perce pas, une ligne tracée avec insistance sur un papier déchiré, une urgence, des sirènes, une peau fine presque je touche les os, la paume de la main troublée, assis, attendre, ne savoir que dire, la cime des arbres dans la brume, trop grands, ils sont trop grands, je n'étais pas venu, je voulais te dire que je pense tous les jours à tout ça, quoi exactement je ne sais pas mais tout ça, tout ça qui fait que ce jour se lève courageusement, les fauteuils sont vides, la vie accélère pour ceux qui veulent ralentir, tu veux voir, moi j'ai toujours voulu voir, viens, je n'étais pas venu parce que je voulais partir mais je suis resté assis au milieu des grandes phrases et des petites promesses. Aveu.

dimanche 6 janvier 2013

Icare

La vie ça claque, sur ma gueule, sur ma gueule se marque les échecs plus durablement que les réussites, je ne suis pas un bon élève, je n'ai jamais répondu à la question, j'en ai toujours posé une autre, le piano ça claque, si peu de notes pour entamer le voyage dans un monde inerte, les poètes sont morts, il n'en reste que quelques uns qui n'osent plus dire, effrayés par la pointe du stylo et le désarroi qu'elle laisse inscrit sur des feuilles arrachées aux dessins des enfants, tu voulais vivre, bouger, mais tout te pousse à arrêter, quitter la sédentarité, nomade ça demande beaucoup de courage et encore plus d'espoir, embourbé je regarde mon visage dans la flaque boueuse, une étendue bientôt évaporée dans l'oubli de ce que je pensais pouvoir devenir, que vouliez-vous de moi, la vie ça claque comme un drapeau en berne sur la digue des mers du nord, les souvenirs de vacances incertains, un premier baiser dans le fantasme de ceux qui suivront, tout ça ne vaut peut-être pas la peine, les répertoires sont remplis de personnes éloignées, une plaque de gel à la dérive avec un oiseau dessus, passager du temps qui passe allègrement pendant que les corps souffrent en grinçant, nous y voilà dans l'enlisement d'une vie que je n'arrive pas à ne pas comparer à ce que je croyais possible, les portes vitrées brisées fragmentent le retour de l'enfant prodige, ça claque aux vents de tout ce que j'ai oublié, dans un vacarme de cris de douleur, l'homme est en guerre dans le quotidien qui l'oppose à son rêve de voler, Icare ça claque dans la gueule de celui qui s'approche du soleil, tous les objets ramenés par les vagues jonchent les plages, la ligne d'horizon n'est plus la même par la fenêtre de tes yeux, des jouets cassés jonchent le sol des cours de récréation, il y a des comiques qui donnent des leçons de vie, qui s'expriment, qui parlent, qui remplissent le vide, le vide ça claque, nécessaire pour la musique le silence impossible, je transpire parce que l'émotion réveille un sentiment de vie et ça me fait peur, la vie ça claque les pulsations contre la paroi, anxiogène ce battement d'une mécanique martelant le rythme, dans le chemin j'ai mis le pied, la distance s'installe sans rien y comprendre, je te regarde différemment, j'ai grandi depuis l'enfance, je pleure pourtant toujours autant sans jamais comprendre ce qui déclenche ces larmes, un mot, une image, ça claque dans la gueule la vie dans la réalité des courbatures je dresse ce corps enfermé pour enfin me déplacer, je parle à la mort pour savoir comment elle danse autour du feu, je me souviens d'un visage libéré après le souffle dernier, tellement se battent pour vivre sans accepter qu'ils vont mourir, je ne m'accrocherai à rien je le jure, je me laisserai partir sans tourmente, j'accepterai la sentence avec la certitude, la seule possible.

samedi 5 janvier 2013

Il y a des jours qui ressemblent à des nuits, sur les joues de la poudre de riz, je ne suis pas venu cette nuit, je ne veux plus te voir, je ne veux plus voir tous ces abandons, une souffrance qui me tarit, il y avait tant de promesses dans les regards que l'on se tendait, j'ai démaquillé ce soir notre amour, le masque est tombé sur le sol froid, le granito noirci des traces des cents pas, de toute l'hésitation de te dire cela, nous sommes devenus des gens qui se tiennent le bras dans un monde qui voudrait s'enflammer à chaque coin des rues incertaines, à l'ombre des tours ils sont des milliers à essuyer leurs yeux du revers de la manche, je me souviendrai toujours des phrases que tu ne m'as pas dites, autant que de celles que je t'ai trop dites, d'une ligne triste nous soulignons le souvenir de nos deux prénoms sur le mur qui aujourd'hui nous sépare, je n'avais rien promis mais j'espérais qu'enfin je pourrais détendre cette bouche crispée, je ne peux plus te sourire, je ne peux plus te parler, je ne peux plus t'étreindre, je ne peux pas faire comme si de rien n'était, je ne peux pas faire comme si de rien n'était, l'usure est montée plus haut que nos genoux, voilà que tout tombe vers le bas, les bras ne retiennent plus rien qu'hier encore ils étreignaient de toute leur force, mais il faut faire bonne figure, dire à tout le monde que tout va même si tu es devenue une étrangère et, que j'étais tellement habitué avec toi que les autres me font peur, je pars dans un rêve car bien entendu je serai là demain matin comme tous les jours, mon enveloppe te rassurera mais dans ma tête j'aurai oublié le chemin de ce que nous faisions l'un pour l'autre, c'était trop beau tant de oui pour si peu de non, tant de oui pour si peu de non, tant de oui pour si peu de non, je te laisse l'image nécessaire en prenant le reste, l'indispensable pour être amoureux, ton visage émouvant me manque déjà de ce qui le précède, cet échec jonchant le carrelage comme un corps à moitié nu un soir d'oubli de soi dans la difficulté des jours qui ressemblent à des nuits, je me dégoûte d'être encore ici, de tant de compromis qui poussent nos yeux à se détester, les poètes sont morts madame, il ne reste ici que les romantiques, ceux qui mourront un jour d'un chagrin d'amour, passez votre chemin y a rien à voir, passez votre chemin y a rien à voir.

A écouter...!

http://headphonecommute.bandcamp.com/

Un moment magnifique