jeudi 21 juin 2012

Dans le mouvement des corps la fluidité d'un geste, la bouche d'un homme. Je me suis arrêté pour voir tout ça, la danse, la danse, les hommes parlent seul. Des petits poix blancs sur un fond noir. Un fond noir. Dans la clarté du jour un acouphène, pourquoi tu pleures. Un sourire. Des personnes se rassemblent, ils marchent maintenant, ils marchent.

Au début était le verbe

http://www.youtube.com/watch?v=qOlVAr8CFFM&feature=youtu.be

lundi 18 juin 2012

La ligne

Une ligne sur le sol, une indication, j'arrache une page d'un livre, debout je lis à voix haute son contenu, il y a longtemps que je voulais le faire, les véhicules frôlent mon bassin me faisant vaciller mais je ne me dérobe pas, fixé sur l'intensité des mots que je crie, ils passent pendant que je reste, ils passent pendant que je reste,  ils passent pendant que je reste. Inutile, je sais, pour vous peut-être, mais vital pour moi, alors je reste, alors je reste, alors je reste.  

lundi 4 juin 2012

Je ne sais pas FIN

42

Est-ce qu’il faut se taire et ne pas dire.

Je ne sais pas 41

41

Si loin dans l’enfermement de la pièce, si loin de vous, refuser le risque de se confronter, être seul et vouloir le rester, certain de ce que nous sommes, sans mesurer ce qui nous sépare de la normalité, la folie de la pièce au milieu des murs salis par le sang des percussions, ne plus vouloir aller plus loin le jour, se terrer, dans le refus du contact, du doute, ne plus vouloir justifier là où nous en sommes, se réfugier, un réfugié de sa propre initiative, mesurant la différence, la folie, la folie, l’obsession de la peur des blessures, provoquer la douleur physique pour oublier la mentale, l’incompréhensible, cette distance qui s’installe à l’insu de toutes les parties, dans la dérive des corps sous les pressions, le cloisonnement, s’extirper, voir enfin les ressemblances, la porte, la porte.

Je ne sais pas 40

40

Une place, des bancs, s’asseoir, se poser, regarder, une place, celle-là et pas une autre, une place, celle-là, ouvrir les rideaux, le jour, un autre, pas le même et pourtant si proche encore, rester, la force nécessaire, bien plus simple partir, loin, toujours plus loin, le reflet dans la vitre, les vitres brisées dans le souffle des déflagrations, l’acouphène, le sifflement, l’alarme, où êtes-vous, dans le cri vers l’extérieur que personne n’entend, dans l’urgence, dans le ressassement des mêmes jours, dans la succession inévitable vers la fin, dans la tristesse de ne pas savoir, y être, chaque matin attendre, attendre l’action qui justifie la présence, à l’extérieur, les questions inutiles, à l’intérieur, la peur, dans le tremblement du temps, dans les passants à travers la fenêtre, dans ce que l’on barre comme si cela n’existait pas, dans ces êtres que l’on oublie, je n’ai jamais pu oublier, jamais, ils sont tous là, à côté, en face surtout, plus en face. Oublier. La somme, l’addition des paroles comme autant de plaintes inutiles dans le bruit du monde, s’arrêter pour dire enfin, se taire dans le pas de recul avant la battue, plonger à corps perdus après la retenue nécessaire, la pudeur du silence, le geste du corps, le corps enfin, le corps, dans le morcellement, les étapes successives, l’inachèvement, une ligne.

dimanche 3 juin 2012

Je ne sais pas 39


39

Les hommes chantent dans l’incendie. Il ne faut pas mentir aux enfants. Les chambres d’hôtels sont vides dans les villes abandonnées. Les barmans sont ivres de la beauté des femmes dans l’irréalité des promesses de lendemains. Le monde s’accroche à ce qu’il trouve pendant que les poissons dorment le ventre à l’air. Nous sommes tellement nombreux. Enfermés, enfermés, le préjudice de l’éducation, les limites de notre vision, le champ, dans la balance des couleurs, dans la saturation, les hommes chantent dans les incendies, dans le vent des révoltes, ils s’attisent, des brindilles de bois sec. Les océans noirs de ce qui fait avancer les bateaux, les yeux fermés dans l’engluement des vagues, il n’y a personne et pourtant nous sommes si nombreux, nombreux, il y a eux, il y a nous, une frontière déjà, des lignes tracées par des fils barbelés, la libre circulation. Il y a les femmes qui sentent bons et qui nous rappellent comme elles sont belles dans la nudité d’une feuille craquant sous les doigts malhabiles d’un enfant, il y a vous, il y a toutes celles qui font que nous sommes aujourd’hui, aujourd’hui, demain, nous ne savons plus, hier peut-être, irréel, dans la virtualité des mots échangés. Les numéros des chambres d’hôtels ont disparu, les palaces flottent dans l’odeur des parfums, la brume a l’odeur du souffre, les matins se lèvent encore sans vraiment savoir pourquoi et nous les suivons de manière inlassable et mécanique, mécanique dans le vrombissement des voitures, dans l’explosion des moteurs. Tu souris, tu souris, de ce côté-ci de la vitre tu souris, dans les paysages idylliques, la beauté de la neige à côté de la chaleur du poêle. L’émerveillement de ne pas se connaître, se voir sans se connaître, derrière la vitre, ne pas s’alourdir de la charge, profiter de la beauté, se dire que l’amour existe, possible, dans l’engagement. La chair, son odeur, je veux sentir l’odeur des chairs, des lambeaux d’êtres humains, les femmes dans la nudité d’un corps, se blottir sans plus bouger, respirer, dans la chaleur des plis, sans parler, sans parler, sans parler, sans parler. Dans le bercement de la lumière, dans ces instants ancrés, les enfants se tiennent par la main, les femmes les arborent comme des étendards dans toute l’injustice des limites infligées, une nuque dégagée laissant transparaître toute la fragilité, inconnue, inconnue. La ville est belle le matin, à l’aube je traverse la porte vers la rue, dans l’invitation du lever, un banc, un pont, le pont, le pont, nous sommes nombreux et pourtant seuls parfois, seuls parfois, dans l’appartenance mais seul, la mémoire des autres, ceux-là, les blessures, le nid des oiseaux. La sonnerie de téléphone, nous ne sommes pas là, pas envie, pas le temps, le temps de regarder passer les bateaux sur le fleuve en dessous du pont, les bateaux aux portes des écluses, nous ne nous sommes pas dits au revoir, nous ne nous étions pas dits bonjour non plus, votre image sur le pont reliant les deux berges disparue dans la rainure des lattes, flottant sur le cours d’eau avant de couler dans la mémoire, la mémoire imparfaite magnifiant ces instants réels, la fiction d’un partage sans l’échange des odeurs, le fantasme, et si rien n’existait excepté ce que nous inventons, les liens se délient, la grande échappée.

Je ne sais pas 38

38

Je vous attendais.

samedi 2 juin 2012

Je ne sais pas 37

37

Une voix, dans la lumière matinale, l’évocation d’une ville, d’un début après une fin, le travail au quotidien dans la pugnacité, la nostalgie des souvenirs, on écrit pas sur le bonheur, dans l’insouciance, on n’écrit pas, l’évocation d’un visage, trop tard pour le rencontrer, trop tard, l’attachement à la rigueur, une rencontre malgré l’absence, l’impression de suivre, l’impression de connaître malgré l’absence, de lieux en lieux, le temps qui nous sépare, une autre époque, c’est dommage que vous ne l’ayez pas connu, même une fois, l’inconnu qui vous manque, les vagues entrent par les portes ouvertes, elle submerge les êtres de sa générosité la mer, c’est ce qui coule sur les pages, l’écume, l’encre, il reste ce qu’elle n’a pas pu emporter, il reste toujours.

Je ne sais pas 36

36

Dans la course pour éviter le cloisonnement d’où l’on vient, comme un traître vouloir un ailleurs, refuser l’emprise du cercle, tout ceci se termine, une volonté individuelle de vivre malgré l’amour inévitable, asphyxiant pour certains, nécessaire pour d’autres, l’amour n’existe peut-être pas, et si ce n’était qu’une lutte, le pouvoir, et si l’amour n’existait pas, dans l’explosion du bloc de granit, dans l’éparpillement des raisons, dans la variation des valeurs, dans ce que nous refusons par principe, la reproduction des gestes familiers, les habitudes, la révolution d’un seul contre tous, face à la répression aveugle, pas une évasion, un envol, la générosité jusqu’à l’acceptation du détestement, ne plus vouloir être aimé pour être simplement, dans l’éloignement nécessaire aux larmes de douleurs que la singularité inflige, le bri des chaînes, l’enfant, l’enfant, l’enfant dans la nudité de nos déversements, le chemin, depuis tout ce temps, tout ce temps sans trouver, rien, et continuer pourtant, malgré les jours froids à travers les vitres, le gel, le reflet du soleil sur le fleuve ondulant, une coulée d’argent dans la vallée sinueuse, le remous des barrages, les lignes, les croisements inévitables, le temps où il est trop tard, les hommes s’affûtent, dans l’embellissement des femmes il y a toute la douleur qu’ils aimeraient soigner, nous ne pouvons rien faire les uns pour les autres excepté espérer que chacun se libère de ce qui l’enfreint, les heures sont longues dans le doute quotidien, dans cette solitude comme une figure imposée, acrobate du temps, de la rigueur minimum, dans l’envie des uns et le besoin des autres, dans le dégoût de certains jours, pleurer, tomber le masque, vainqueur d’une minute, affrontant la suivante, dans le chaos du présent hors de la séduction, avouant toute la faiblesse de l’attachement malgré cette volonté d’autonomie, nous sommes inévitablement référents, inévitablement et malgré tous les efforts pour prouver le contraire, incapable de se délier, de ne pas revenir, traître et coupable dans la solitude, hors du réconfort des bras tendus pour nous bercer, dans la solitude des pères abandonnés, compromis.