lundi 7 mai 2012

Je ne sais pas 7


7

L’éloignement, le cœur palpitant, déconcentré des mouvements alentours, du bruit aussi, l’engouement des autres dans la recherche difficile de la respiration solitaire, la note. Le passage à l’acte, le vœu de le dire, ça que nous taisons par courtoisie, vous parler des images et du chemin qu’elles prennent au milieu de moi, la blessure, le tranchant de la hache brillant au soleil d’été. Imagine, reviens au point de départ, inévitable tu devras y revenir pour comprendre, volontaire du progrès, une libération peut-être. La route s’élève pour venir te voir, une épreuve enlacée comme la vigne à la gouttière d’une vieille bâtisse, le temps et son acte. La diversité impalpable de ce que nous taisons, le silence comme une épreuve pour celui-là qui attend une parole, le mutisme. Je vais rentrer, revenir au bercail. Le berceau des émotions au milieu de la chambre des frustrations, une surpression, un acouphène. Les parois d’un réservoir où la surface de l’eau pleine reflète les rêves de noyade, le débattement pour ne pas mourir asphyxié dans le fond flou d’une piscine. Je suis venu te dire, est-ce qu’il restera autre chose que les décombres, une ruine que la nature s’occupe de démonter pierre après pierre, le lierre dans le silence des poissons qui s’agrippent aux lignes des pécheurs, l’hameçon seul responsable de la capture, et le dispositif alors. Le tumulte du courant d’un fleuve en crue, nous pleurons tous à un instant la distance qui nous sépare de nous-même dans la dispersion des pistes, l’égarement. Distraits des pensées les plus diverses, une déconcentration du regard de l’objectif dans les signes d’un langage inconnu, les mains dansent les mots et je ne les vois pas. Il y a des quais pour les départs et des quais pour les arrivées, les pontons en bord de mer et les aérogares donnant l’envol aux avions, il y a des larmes de joie, la tristesse de ne pas savoir quand tu reviendras, il y a tout ça et bien d’autres choses qui se jouent dans ces moments là, il y a l’espoir que le voyage remplisse le vide avec lequel nous partons, il y a tant d’enjeux inavoués au moment des quais d’une gare. Tu pars, je reviens dans le croisement de quelques minutes nous aurions pu être notre destin, certains appellent ça le hasard, la vie et le temps qui passe sur la pierre dans le fond de la rivière, elle attend la crue pour entamer son voyage, lourde de tout le sens qu’elle a pris à cet endroit. Il faut partir, ou pas, il ne faut rien en fait, l’on s’impose l’insoutenable, il t’appartient de voir le ciel que tu veux voir. Un homme me parle dans une langue que je ne comprends pas, je le laisse parler, il n’y a pas de raisons que je l’arrête, je trouve qu’il parle très bien et sa musique plaît à mon oreille, il est heureux d’être là et de me parler, il ne me demande rien, il parle et je l’écoute, qui est l’étranger de nous deux. Le grincement d’une planche de plancher. Dormir bercé par l’inconnue qui attend celui que je suis pour le prédateur du temps que je ne mesure pas, l’inconnu passager de la vie et de ses aléas.

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