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Le doute, la part de lumière et d’ombre du même
homme, le doute. Une crise, un oubli, une dissonance, le doute comme un
empêcheur, le doute transpire celui-là qui ne peut le surpasser, l’avortement.
L’éclosion saccadée d’une fleur aux premiers rayons du soleil, venir ou ne pas
venir, tout est question de départ, d’envol, de mort aussi. Vivre pour mourir
ou mourir pour vivre, qu’importe ils parleront de nous au passé, quoiqu’il en
soit ils n’auront pas le temps de regarder le présent, cet instant où tout se
joue, de l’ombre à la lumière, les corps de bronze. L’enfant passe sur la
plage, il n’a pas les cheveux gris, l’enfant ne connaît pas le doute, ce sont
des préoccupations d’adultes. Je regarde derrière, des champs et le sillon du
laboure, des veines, une poésie de l’image, une rythmique ondulatoire, la
contemplation, l’assurance de ce que l’on veut voir, le doute ressemble-t-il au
flou de la photographie de ce petit garçon au pull marin tenant son papa par la
main, une larme, je ne pensais pas un jour revenir jusque là, enfoui dans le
devant. Dans la course je veux rencontrer, je veux ce que je n’ai jamais voulu,
apprendre, peut-être pour repousser le doute lié au complexe, le complexe de ce
que je suis face à celui que je ne serai peut-être jamais et que je vois loin
devant, là-bas, le sentiment instable du moment où votre tâche terminée vous
doutez instantanément de sa qualité, incessamment vous réinstallez le
déséquilibre de ce qui est accompli, une destruction, rien n’aboutit, même vos
plus belles images perdent le sens et l’intensité, des vagues mortes. Le
tremblement. Le cadre, une force comme un élément restrictif, voyager au centre
et accepter de ne pas élucider, une énigme sans résolution, la solution se
trouve hors-cadre, la force de l’extruder, accepter la panique de n’être pas
dans les repères, accepter le doute lié à votre voix qui n’est pas celle des
autres, pas innovatrice mais tellement personnelle qu’elle vous fait peur, elle
installe le doute de l’incompréhension. S’incomprendre, écrire ce mot comme
s’il existait, il fait partie de mon langage, ne rien inventer, dire, dire
tellement que le doute n’existe plus. Le doute commence dans l’œil de l’autre,
celui qui vous regarde avec cet air désapprobateur, c’est là où le combat de la
persuasion s’installe, être assez fort pour ne pas vouloir forcer, accepter le
doute de l’autre et en faire une force, le forcer à s’extruder lui-même pour
tenter de comprendre, lui imposer son doute face à votre sincérité. La force
ressemblerait peut-être à ça, laisser le doute aux autres pendant que je
continue à arpenter l’inconnue de la résolution de moi-même, déconstruire sans
détruire. Un quotidien de confrontation entre les raisons d’hier et le progrès
d’aujourd’hui, l’acceptation du travail jamais fini et en perpétuelle
évolution, sans découragement, ne pas se laisser reconnaître pour continuer à
douter. Trouver l’engouement quotidien à découvrir l’image réelle dans la
contemplation nécessaire, le silence des autres et le nôtre, le silence et le
temps pour voir l’enfant passer sur la plage en hiver, assis sur un banc dans
le froid picotant, sans l’appeler, le regarder suffisamment pour s’en
approcher, le pull marin sur le seuil d’une maison, main dans la main. Ne plus
écrire tout de suite, le temps est nécessaire à l’éclosion de ce sentiment, la
mélancolie d’une fleur qui se fane sans que l’on sache si elle est annuelle, à
nouveau un départ, une mort peut-être. L’image d’une photographie plus forte
que la mémoire et l’oubli, je ne me souviens que très peu de cet homme qui
tient la main à cet enfant, je ne sais même plus si nous nous sommes connus et
pourtant nous nous sommes aimés, enfin je l’ai aimé sans jamais lui dire, ce
qui lui permet comme moi d’en douter. Ce qui est oppressant c’est de savoir
toutes ces personnes que nous avons aimées et que nous avons laissées dans le
doute, par la peur de leur dire l’amour, les non-dits cachés derrière ce mot
terrible que personne ne comprend réellement, quitte à se voir incompris il
aurait fallu leur dire.
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