6
La fixité d’un instant pendant que la flèche
parcourt la distance qui la sépare de la cible. Le cerf qui s’effondre dans la
forêt assourdie du son de la détonation encore présent, majestueux
effondrement, tristesse inqualifiable, une mort. Un corps ankylosé mu par la
tachycardie d’un cœur enrobé, l’excès dans le plaisir, la chandelle par les
deux bouts. Les éraflures d’un point frotté sur un mur de briques, la douleur
directe, un tesson de bouteille. Le visage tordu de la mémoire vive, de la
chaux sur une plaie, une larme sans abstraction. Emprunt des images, le
gonflement d’une baudruche flottant sur une mer de glace, la fonte, la
liquéfaction, putréfier des paroles utiles tuent dans le vacarme des inutiles,
l’urgence de dire sans retenir, l’expression de la limite, la blessure sans
asséner le coup fatal, la nuque. La cruauté des aveugles sensorielles, la
violence des images qui se brisent sur les tubes cathodiques, un éboulis dans
des pièces trop petites, le son de la guerre maculant les tables de chevet. Je
vous aime à vous embrasser à pleine bouche dans la vulgarité des fleurs
artificielles odorantes, le corps grossi de ne pas répondre à sa fonction
d’emboutir, loin de l’extase jouissive mais dans le fantasme virtuel. Je veux
peindre pour vivre, à devenir fou et seul dans une pièce vive, je défie l’abcès
des mâchoires acerbes, des caries qui donnent l’haleine. Nous mangerons nos
corps odorants de paresse pour les recracher ne supportant pas le goût des
dégoûts, tout ceci n’est qu’esthétique, si beau dans la laideur du résultat, le
chaos des êtres se déchirant et déversant les viscères. La chasse fumante de la
panse ouverte de l’animal offerte comme un trophée à la nature qui se délecte
de ses restes, les charognards, ceux qui attendent la chute du seigneur pour se
délecter, nous. Tout pourrait s’arrêter, laisser la place à autre chose, la
poésie n’a pas de sens dans le temps et son écoulement, comme une bouteille
avalée à grandes gorgées, l’enivrement rapide, oublier dans le déséquilibre des
chutes quotidiennes, inévitables comme les pluies diluviennes des enfants
devenus trop vite trop grands. L’impossibilité de grandir en dehors des chocs,
ils sont nécessaires dans la violence de la réalité de chacun, l’ecchymose d’un
corps suspendu à un fil et balancer par le vent. Ce n’est pas la violence qui
endolorit mais sa fréquence, et, la culpabilisation inhérente au pouvoir
recherché par l’auteur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire