vendredi 1 février 2013

Le bistrot

Il claquait la porte de peur qu'on ne l'oublie, la vitre tremblait, les autres riaient, ils savaient que ce dernier verre pas vidé sonnait l'heure du trop plein, ils riaient de voir ce corps claudiqué ne sachant plus articuler de manière fluide la marche vers cette serrure où il faudrait introduire cette putain de clé, ils riaient de lui pour ne pas pleurer d'eux-mêmes, j'ai toujours détesté les cafés à boire, ces bistrots où le dernier qui part a gagné, une veulerie, l'émulation de la testostérone, le jeu de celui qui a la plus grosse, je voyais enfant dans les yeux de ces hommes l'évaluation à laquelle j'allais être confronté, pour exister il faudrait passer par ces longs moments à frotter des pulls peluchés sur le bois du comptoir, à raconter des histoires, des exploits jamais réalisés, je suis parti de là, et, chaque fois que j'y retourne c'est la même douleur que je ressens, elle doit ressembler à celle que je voyais dans le font de leurs yeux, je ne suis pas mieux, je suis autrement, mais pas mieux.

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