La vie ça claque, sur ma gueule, sur ma gueule se marque les échecs plus durablement que les réussites, je ne suis pas un bon élève, je n'ai jamais répondu à la question, j'en ai toujours posé une autre, le piano ça claque, si peu de notes pour entamer le voyage dans un monde inerte, les poètes sont morts, il n'en reste que quelques uns qui n'osent plus dire, effrayés par la pointe du stylo et le désarroi qu'elle laisse inscrit sur des feuilles arrachées aux dessins des enfants, tu voulais vivre, bouger, mais tout te pousse à arrêter, quitter la sédentarité, nomade ça demande beaucoup de courage et encore plus d'espoir, embourbé je regarde mon visage dans la flaque boueuse, une étendue bientôt évaporée dans l'oubli de ce que je pensais pouvoir devenir, que vouliez-vous de moi, la vie ça claque comme un drapeau en berne sur la digue des mers du nord, les souvenirs de vacances incertains, un premier baiser dans le fantasme de ceux qui suivront, tout ça ne vaut peut-être pas la peine, les répertoires sont remplis de personnes éloignées, une plaque de gel à la dérive avec un oiseau dessus, passager du temps qui passe allègrement pendant que les corps souffrent en grinçant, nous y voilà dans l'enlisement d'une vie que je n'arrive pas à ne pas comparer à ce que je croyais possible, les portes vitrées brisées fragmentent le retour de l'enfant prodige, ça claque aux vents de tout ce que j'ai oublié, dans un vacarme de cris de douleur, l'homme est en guerre dans le quotidien qui l'oppose à son rêve de voler, Icare ça claque dans la gueule de celui qui s'approche du soleil, tous les objets ramenés par les vagues jonchent les plages, la ligne d'horizon n'est plus la même par la fenêtre de tes yeux, des jouets cassés jonchent le sol des cours de récréation, il y a des comiques qui donnent des leçons de vie, qui s'expriment, qui parlent, qui remplissent le vide, le vide ça claque, nécessaire pour la musique le silence impossible, je transpire parce que l'émotion réveille un sentiment de vie et ça me fait peur, la vie ça claque les pulsations contre la paroi, anxiogène ce battement d'une mécanique martelant le rythme, dans le chemin j'ai mis le pied, la distance s'installe sans rien y comprendre, je te regarde différemment, j'ai grandi depuis l'enfance, je pleure pourtant toujours autant sans jamais comprendre ce qui déclenche ces larmes, un mot, une image, ça claque dans la gueule la vie dans la réalité des courbatures je dresse ce corps enfermé pour enfin me déplacer, je parle à la mort pour savoir comment elle danse autour du feu, je me souviens d'un visage libéré après le souffle dernier, tellement se battent pour vivre sans accepter qu'ils vont mourir, je ne m'accrocherai à rien je le jure, je me laisserai partir sans tourmente, j'accepterai la sentence avec la certitude, la seule possible.
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