mercredi 27 février 2013

La boue

J'attends que les contours se définissent, une image claire, définie, patiemment je répète le même geste espérant retrouver celui qui précède, le suivant l'effaçant, effacer, un sillon, ne pas effacer le sillon, des lignes, un peigne, une histoire, des vies, des graines, germer, j'attends, la motte humide et froide enrobe les racines, des blocs de boue, un champ, une ligne tout au bout qui rejoint le ciel, pas de ville, ici le bruit ne s'appelle plus le bruit, un mirage, des animaux traversent l'image, mon inertie face à leur mouvement, je suis venu jusqu'ici pour attendre et ne plus faire de promesse, attendre que les contours se définissent.

jeudi 14 février 2013

Etrange, peut-être pas

Je voulais voir des corps nus, de la chair, pour me sentir vivant, les lascifs joncheraient le sol, dans l'odeur du jour se mélangerait celle des peaux. Je traverse une route pendant qu'un chien me regarde comme si j'étais son maître, la vie est étrange et nous ne savons pas toujours ce qui lient toutes ces images, une forme d'incohérence que notre imagination range dans un ordre supportable, nous tentons de croire que nous ne sommes qu'une seule chose, mais nous sommes tout à la fois. Si tu viens je ne serai pas là, je ne serai pas parti non plus, mais je veux dire je ne serai pas disponible, je n'en aurai pas la force, celle de me rendre disponible je veux dire, tu viendras quand même malgré ma franchise et tu m'en voudras de ne pas entendre ce que tu voulais absolument me dire, ce qui ne pouvait plus attendre, tu partiras et je resterai. Avons-nous déjà parlé d'émerveillement, de simplicité de rapport, de vérité, de respect, je ne sais plus, enfin ce que je sais c'est que je suis seul et que j'arrive à ne plus pleurer, parce qu'à force évidemment plus personne ne va venir, il faut se préparer au départ des autres pour ne pas être effrayé des restes de ce que je suis sans eux, tout ce plein de questions auxquelles jamais je n'avais même pensé. Je vous laisse la baignoire déborde et je suis tout habillé.

mercredi 13 février 2013

mardi 12 février 2013

Le jeu

Il y avait un passage, longer les murs, trop de bruit, derrière, devant, sans savoir, tracer un trait, une ligne, la lumière, fermer les yeux sans savoir, mourir peut-être, une voix, des voix, sans savoir, dans la transversale des animaux d'estive, je rêve de montagne et d'horizons, de silence surtout, ne plus rien dire d'inutile, se taire sans savoir, partir sans rien voir, ne plus entendre, dans l'intégrité, se séparer des autres pour ne plus me mentir afin de les aimer, le mensonge, un acouphène, dans la ligne d'un trait, assumer le rien de la condition, ne plus avoir besoin de l'amour, se séparer sans savoir, la ville, les lumières, il n'y a plus de nuits noires, tu traverses la vie dans un jour permanent, tellement que la nuit fait peur, avant l'enfant, bien avant je vivais déjà peut-être, sans savoir il me plaît de le croire, c'est cette vie là qu'il me sera à jamais impossible de retrouver, cette vie où je n'existais pas, exister, pour qui, pour quoi, comment, sans savoir, à partir du moment où tu es là c'est trop tard déjà, le jeu t'écrase sous le poids des défaites et des victoires, tu ne peux t'en départir, tu dois faire avancer ton pion, tu dois jouer jusqu'à ne plus savoir le faux du vrai.

vendredi 1 février 2013

Le bistrot

Il claquait la porte de peur qu'on ne l'oublie, la vitre tremblait, les autres riaient, ils savaient que ce dernier verre pas vidé sonnait l'heure du trop plein, ils riaient de voir ce corps claudiqué ne sachant plus articuler de manière fluide la marche vers cette serrure où il faudrait introduire cette putain de clé, ils riaient de lui pour ne pas pleurer d'eux-mêmes, j'ai toujours détesté les cafés à boire, ces bistrots où le dernier qui part a gagné, une veulerie, l'émulation de la testostérone, le jeu de celui qui a la plus grosse, je voyais enfant dans les yeux de ces hommes l'évaluation à laquelle j'allais être confronté, pour exister il faudrait passer par ces longs moments à frotter des pulls peluchés sur le bois du comptoir, à raconter des histoires, des exploits jamais réalisés, je suis parti de là, et, chaque fois que j'y retourne c'est la même douleur que je ressens, elle doit ressembler à celle que je voyais dans le font de leurs yeux, je ne suis pas mieux, je suis autrement, mais pas mieux.